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Nath Bertrand

Toute autre expérience jugée équivalente peut être considérée






Quand Michel a vu cette phrase, il n’en croyait pas ses yeux!


Lui, à qui on a régulièrement refusé des promotions parce qu’il n’avait pas le « diplôme » requis, lui qui est allé à plusieurs reprises, donner des conférences à des étudiants pour les voir ensuite obtenir le poste de direction qu’il convoitait, lui qui a plus d’expérience et de compétences que tous les autres employés de la société pour laquelle il travaille, mais qui n’arrive pas à obtenir de promotion.


Il lui manque le diplôme qui lui ouvrirait la porte des étages supérieurs. Michel n’est pas diplômé, parce qu’à l’époque de ses études il à été désavantagé à cause des défis que lui causait sa différence neurodélveloppementale (il est dysorthographie, dyslexique, dyscalculique, TDAH et a un haut potentiel intellectuel).


Cette composante ne compte pas dans l’équation d’évaluation de son potentiel, on ne voit que le résultats de ses difficultés. Il aurait aimé faire de plus longues études, mais à son époque, rien n’était fait pour accommoder les personnes comme lui. Il avait essayé de rester positif et résilient durant les 5 années passées au cégep. Malheureusement, après plusieurs échecs et un début de dépression, il a laissé tomber.



Michel n’a pas travaillé dans le domaine de ses études. Il a plutôt choisi de suivre son cœur, au lieu de suivre sa tête comme il l’avait fait jusque là. Il a développé de nombreuses compétences, il a très souvent enseigné ses méthodes aux autres, il a donné des conférences, il a été donné en exemple pour la qualité de ses explications, pour ses compétences pédagogiques, pour la clarté de son propos et la justesse de ses interventions, Michel est une sorte de modèle pour ceux qui œuvrent dans son domaine.


Pourtant, Michel n'est toujours pas retenu lorsqu’il postule pour des postes supérieurs, même s’il a plus de compétences et d’expérience que ce que l’employeur demande.


Il lui manque toujours un diplôme. Toujours ce foutu papier qui ne mesure que la capacité du détenteur à réciter par cœur la matière enseignée et à prouver qu’il est capable de déduction.


Il n’existe pas encore de diplôme qui atteste des compétences apprises en travaillant directement dans le domaine. Il n’existe pas de mode d’évaluation pour les personnes qui perfectionnent, défrichent, inventent les domaines d’expertises qui seront ensuite enseignées aux nouvelles générations. Ce serait drôlement plus adéquat.


« On développe toujours plus de compétences et d’expérience en travaillant directement sur la matière qu’en l’étudiant dans des livres, assis sur une chaise. »


Aujourd’hui, on remarque une volonté de corriger le tir. Peut-être parce que le manque d’employés « qualifiés » est trop important, on commence à considérer l’expérience terrain comme étant « quand même intéressante ».


Je souhaite que Michel obtienne le poste sur lequel il a déposé sa candidature. Michel a toutes les compétences et plus d’expériences que nécessaire. Ce serait signe que la société commence à comprendre que les cerveaux ne sont pas tous organisés de la même manière, et que la complémentarité des genres est un atout.


À toutes les sociétés qui font l’effort d’inclure la neurodiversité dans leurs cultures d’entreprises, je dis merci. N’oubliez pas que les diplômes ne sont pas l’unique garantie qu’un employé soit compétent. Souvent, l’expérience est plus éloquente que les notes. Allons au-delà des titres et des diplômes, considérons l’individus dans son ensemble.

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