LE DIAGNOSTIC
On me demande souvent s’il est vraiment nécessaire d’obtenir un diagnostic pour valider une différence d’apprentissage. Certaines écoles l’exigent pour mettre en place un plan d’intervention, mais au-delà de l’utilité scolaire, est-ce qu’un rapport neurologique peut aider une personne à se comprendre? J’ai récemment entrepris l’écriture d’un livre qui porte sur la dyslexie et j’ai voulu valider mon premier diagnostic, qui date de 1971 afin d'être certaine que je ne parle pas sans connaissance de cause.
J’ai donc pris rendez-vous avec une neuropsychologue dans l’espoir de confirmer le diagnostic de dyslexie qui avait été émis alors que j’avais 6 ans (vous savez maintenant mon âge 😜) . Est-ce qu’un diagnostic changera qui j
e suis? Non. Est-ce qu’il est nécessaire? Non. Est-ce qu’il va m’aider à me comprendre? J’espère que oui.
Premièrement, trouver un neuropsychologue qui se spécialise dans l’évaluation des différences d’apprentissage. Ensuite, être prête à débourser près de 2000$. Après avoir rencontré le spécialiste à quelques reprises, rempli différents questionnaires, fait des dizaines de tests et expliqué certaines situations récurrentes qui me laissent perplexe, quelques semaines ont été nécessaires avant de recevoir le fameux rapport. J’ai reçu mon rapport et ça m’a fait:
BOUM! Consternation!
Je ne suis pas dyslexique! 😱 Je suis plutôt dysorthographique et dyslcalculique. Ce qui explique mon incapacité à écrire des textes sans faire de fautes et ma détres
se proche de la panique quand on mentionne le mot « calcul ». Ces deux petites différences sont majeures dans une société ou il est important de savoir compter et écrire correctement pour communiquer. La dyslexie étant une difficulté à lire et à interpréter le langage écrit, ne s’applique effectivement pas à moi. Ma spécialiste m’a expliqué que la dyslexie et ses frères DYS font partie d’une même famille et partagent plusieurs traits communs, mais elles touchent des sphères différentes du cerveau. Ce qui explique pourquoi je me reconnaissais bien dans une partie de la description de la dyslexie, mais pas dans la difficulté à lire et à interpréter des textes écrits.
"Mais là ne s’arrêtait pas mon évaluation…il s’avère que j’ai deux autres conditions neurologiques particulières dont je ne soupçonnais pas l’existence."
J’ai aussi un trouble déficitaire de l’attention avec hyper activité (TDAH) et un haut potentiel intellectuel (HPI).
Récapitulons; HPI + TDAH + Dyscalculie - dysorthographie. 👽 C’est ce que la science appelle une double exceptionnalité (même s’il y a trois diagnostics qui se chevauchent). Je suis une extraterrestre!
Est-ce que je me reconnais dans ces deux nouvelles différences? Pour le TDAH oui, absolument. Pour la douance (HPI), je ne m’y attendais pas vraiment. Je me considère comme une personne normalement intelligente, curieuse, cultivée, sensible qui s’intéresse à tout, mais de là à dire que je suis doué, il y avait pour moi un grand pas que je n’aurais pas franchie. Toutefois après les explications de ma neuropsychologue, je dois admettre que je colle parfaitement à la définition.
Finalement, obtenir un rapport de neuropsychologue à 55 ans m’a aidé à mieux me comprendre, à mettre des mots sur mon sentiment de décalage avec le monde. J’ai aussi pu considérer des outils et des astuces plus efficaces pour m’aider à pallier certains défis organisationnels.
Est-ce que cela aurait dû être fait avant? Définitivement. J’aurais pu profiter d’un accompagnement plus ciblé durant mes études, j’aurais pu discuter avec mes employeurs de manière à structurer mon travail de manières plus efficaces pour nous deux, j’aurais pu informer mes proches de certains défis et me sauver quelques larmes et déceptions.
Je crois que l’avis d’un spécialiste est vraiment important. Vous resterez la même personne, mais cela vous aidera à affronter certains obstacles avec plus de clairvoyances et de calme.
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